La Bretagne confirme son statut de nouvelle Côte d'Azur

Traditionnellement en France, c’est à la Riviera que l’imaginaire collectif associe l’idée d’une paisible retraite en climat tempéré. Mais avec le retour de plus en plus fréquent de la canicule, la Bretagne ajoute avec sa météo une corde à son arc de région star sur le plan touristique.

Alors que la France subit, en cette dernière semaine de juin, une canicule d’une précocité exceptionnelle, la Bretagne fait figure de miraculée. Au plus fort de l’épisode, selon la prévision de Météo-France, les températures doivent rester inférieures à 30 degrés sur la majeure partie de la région. Cette exception bretonne a suscité autant d’envie que d’ironie sur les réseaux sociaux : « La Bretagne ferme sa frontière face à l’arrivée massive de réfugiés climatiques« , titre ainsi le site parodique Le Gorafi. Si la région n’est pas encore assaillie par des hordes desséchées pressées de s’abriter sous son fameux crachin, sa fraîcheur attire de fait les touristes.

« De plus en plus de gens viennent ici parce qu’il fait plus frais qu’ailleurs, nous confirme Maryvonne Peres, propriétaire de plusieurs gîtes dans le Finistère. Il s’agit de clients plutôt âgés, qui vivent dans le Sud et se plaignent beaucoup de la chaleur qu’ils ont chez eux. C’est un discours que je n’entendais pas il y a dix ans ». Jean-Paul en fait partie : avec son épouse Christiane, il fuit chaque été la moiteur du bassin d’Arcachon pour s’installer pendant six semaines en Bretagne. « Il fait plus de trente degrés chez nous en ce moment alors qu’ici, il en fait 20 à tout casser, se félicite ce retraité de 77 ans, arrivé il y a quelques jours près de Quimper. On sent vraiment la différence : là où nous habitons il y a des périodes où c’est difficile de dormir alors qu’en Bretagne, nous n’avons pas ce problème ». Le climat est donc devenu pour lui un « aspect qui compte beaucoup » dans le choix de sa destination : « Ce n’est pas ce qui nous a fait venir la première fois mais ça a été la raison de notre retour. Dans le Sud, même s’il y a un peu de vent, la chaleur reste pesante ».LIRE AUSSIAlerte canicule : l’inconfort ressenti sera pire qu’en 2003, prévient la ministre de la Santé

LA BRETAGNE, BON COIN DEPUIS 2003

Le secteur du tourisme breton profite depuis déjà quelques années de son climat tempéré en période de forte chaleur. « Notre record de fréquentation date de 2003, au moment de la grande canicule, explique Mathias Hocquart, de l’Agence de développement touristique du Morbihan. Des touristes étaient venus en dernière minute pour chercher un peu de fraîcheur« . En 2016, 15% des touristes qui avaient choisi de passer leurs vacances dans la région mentionnaient le climat parmi leurs motivations, d’après une étude réalisée par le Comité régional de tourisme (CRT) de Bretagne. Un phénomène qui devrait prendre de l’ampleur dans les années à venir, les canicules étant de plus en plus fréquentes.

Les chiffres du tourisme dans la région confirment un dynamisme exceptionnel ces dernières années. Le nombre de nuitées effectuées en été dans les hôtels et les campings bretons a bondi de 13,5% de 2011 à 2018, alors qu’il est resté stable pour l’ensemble de la France sur la même période, d’après des statistiques de l’Insee. Et ce mois de juin 2019 promet d’accélérer cette envolée. « On anticipe des réservations de dernière minute, quelques-unes sont déjà arrivées la semaine dernière », sourit Sylvie Le Gléour, propriétaire d’une maison d’hôtes dans le Morbihan. Qui signale qu’au-delà du simple séjour « SOS fraîcheur », beaucoup songent à un plus long terme : « Il y a de plus en plus de clients qui viennent pour visiter des maisons dans la régionEt j’en entends régulièrement évoquer le climat comme motivation… ».